Proposition d’action : Une pétition pour aligner les normes environnementales du port de Bonneuil sur celles de Gennevilliers

Lors de la dernière réunion en préfecture, le préfet du Val de Marne Pierre Dartout nous avait glissé en fin d’entretien une phrase sibylline indiquant qu’au delà du cas de l’usine Eiffage, il vaudrait la peine pour les membres du collectif T’AIR-EAU94 de se renseigner sur la comparaison des normes environnementales du Port Autonome de Bonneuil et de celui de Gennevilliers.  Nous avons suivi ce conseil et il semblerait bien que, sans nous distraire de l’objectif immédiat qui est la fermeture de l’usine Eiffage, la piste mérite d’être creusée. Elle pourrait d’ailleurs fournir des arguments décisifs aux requérants engagés dans l’action en justice, car elle montre qu’une implantation nouvelle du type Eiffage n’aurait certainement pas pu voir le jour à Gennevilliers. Or, n’y-a-t-il pas aujourd’hui un ministère de l’égalité des territoires ?

A) Une différence évidente : l’absence de capteur AIRPARIF dans le Port de Bonneuil

Nous avons signalé depuis longtemps l’anomalie évidente que constitue l’absence de capteur permanent AIRPARIF dans le Port Autonome de Bonneuil, alors qu’il en existe un dans le Port de Gennevilliers. La localisation des capteurs AIRPARIF obéit certes à des règles d’implantation théoriquement autonome, mais il ne fait aucun doute qu’une pression politique et citoyenne suffisante permettrait d’obtenir l’ajout d’un nouveau capteur au coeur même du Port de Bonneuil, ne serait-ce que parce que c’est l’une des principales concentration industrielle de polluants de l’agglomération parisienne et que le réseau AIRPARIF a vocation à surveiller tout particulièrement es sites.

Attention, il faut être précis dans la revendication car les capteurs AIRPARIF ne mesurent pas systématiquement tous les polluants. Il faudra en particulier s’assurer qu’un capteur installé dans le Port de Bonneuil mesurerait au minimum les dérivés benzéniques (HAP) et les particules (PM10, PM2.5)  car ce sont les principaux composés à risque émis par l’usine Eiffage. Mais il serait également utile de mesurer les autres polluants issus du trafic routier (NO2, Ozone), surtout au vu du projet de mise en place d’une branche autoroutière prolongeant la RN406.

Obtenir l’installation d’un capteur permanent à demeure serait une assurance à long terme contre la pollution aérienne pour les habitants des communes riveraines. Car même si Eiffage remportait le procès, il serait contraint d’arrêter ses activités chaque fois que des dépassements trop fréquents des seuils de pollution seraient constatés. Et ceci vaudrait également pour l’autre centrale d’enrobés (SPME) et plus généralement les activités génératrices de pollution. Enfin et surtout, ne perdons pas de vue qu’il y a encore beaucoup de terrains disponibles autour de la centrale Eiffage et que le plan d’occupation du Port de Bonneuil indique une vocation de type « BTP » qui laisse augurer l’ouverture possible de cimenteries ou usines de granulats, génératrices de poussières …

B) Une différence de fond : la mise en place d’un Schéma d’Orientation et de Développement Durable du Port de Gennevilliers

Même si l’installation d’un capteur AIRPARIF dans le Port de Bonneuil est un objectif mobilisateur, il faut souligner que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg des différences qui séparent le Port de Bonneuil et celui de Gennevilliers. La différence beaucoup plus fondamentale réside dans le lancement d’un processus de certification ISO 14001 (haute qualité environnementale) des Ports de Paris. Or, ce processus de certification s’appuie sur une opération pilote qui est menée depuis 2011 à Gennevilliers et constitue, pour l’exprimer simplement, en un audit généralisée de l’environnement de l’ensemble de l’activité du Port en relation avec son environnement local. Soit exactement ce que nous réclamons pour le Port de Bonneuil !

Certains doivent évidemment commencer à sourire en se demandant ce que cette obscure norme ISO 14001 peut bien avoir à faire avec le combat mené par les riverains et les requérants contre l’usine Eiffage. Eh bien, ils devraient prendre le temps de consulter comme nous l’avons fait le Schéma d’Orientation et de Développement Durable du Port de Gennevilliers qui a été présenté le 11 avril 2012 par l’Agence de Gennevilliers – Ports de Paris.

Ce document est une véritable mine d’information sur tout ce qui doit être mis en oeuvre pour assurer le développement durable d’un port fluvial à l’intérieur d’une grande agglomération. Et il montre a contrario comment l’aménagement actuel du Port de Bonneuil et l’implantation de l’usine Eiffage vont exactement en sens contraire des actions menées à Gennevilliers. Un exemple, parmi beaucoup d’autres : la réflexion menée à Gennevilliers sur la localisation des activités les plus polluantes au centre du Port et non pas en périphérie à proximité des habitations :

Etonnant, non ? Si on avait appliqué les principes décrits pour le Port de Gennevilliers, il n’aurait jamais pu être question d’implanter une centrale d’enrobés sur l’emplacement occupé par Eiffage dans le Port de Bonneuil. On se trouve en effet au plus proche des habitations dans une zone qui devrait être au contraire occupée par des activités non polluantes,  des embellissements et des réserves de biodiversité. Là encore, je n’invente rien : vous trouvez dans le projet du Port de Gennevilliers un zonage très précis qui prend en compte les zones tampons proches des riverains et les réserves naturelles :

C) Vers une nouvelle pétition ? une nouvelle association ?

Nous savons d’expérience que le lancement d’une pétition est une action lourde … qui doit être portée sur la durée par des militants très motivés. Au vu des difficultés rencontrés dans le collectif t’AIR-EAU94, il faudrait sans nul doute constituer une association pour porter sur la durée un projet visant à aligner les normes environnementales du Port de Bonneuil sur celles de Gennevilliers. Cette association devrait nécessairement regrouper des militants de l’ensemble des communes riveraines du Port (Sucy, Bonneuil Saint-Maur) et même au delà (Créteil, Boissy, Ormesson, Chennevières, Champigny, …). Elle ne devrait pas se limiter au problème de l’usine Eiffage, même si  celui-ci constituera une cible naturelle d’action.

Alors … si vous êtes intéressés parce double projet de pétition/association, laissez un message sur le blog. Et si nous sommes assez nombreux, eh! bien peut-être cela vaudra-t-il la peine de repartir pour de nouvelles aventures ?

Sylvie GRASLAND-DESLOT & Claude GRASLAND

6 commentaires

  1. merci encore pour l’énorme travail que vous faites pour une juste cause. Il est bien effectivement d’élargir l’action aux nuisances globales de Bonneuil. Une association permettrait aussi très certainement de répartir actions et réfléxions.
    Tenez-nous au courant des modalités. En espérant que plus de gens se sentent concernés par ce combat…..

  2. A 80 berges je ne peux plus grand chose pour vous aider, mais la cause semble bonne à défendre même…  s’il semble évident qu’un jour ou l’autre, il faudra relier Bonneuil à Nogent, par le prolongement de l’A86 !

  3. Entièrement d’accord avec vous, vous avez mon soutien.
    Il y en a assez d’être pris en otages, par des bons à rien , qui n’ont que le profit en ligne de mire.Ils font n’importe quoi pourvu que ça leurs rapporte, au mépris de la nature,
    de environnement et notre santé évidement.

  4. J’étais des vôtres le 20 juin 2012… je le suis toujours ! Suppression de la centrale ou réaménagement, peu importe au fond car l’essentiel se trouve dans l’unité. Ne nous laissons pas tenter par ceux qui sèment la zizanie : suppression d’abord, réaménagement plus tard, sur des bases saines !

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