Délibération du conseil municipal de Sucy-en-Brie sur l’usine Eiffage: l’art du double langage !

 Il est des images qui se passent de commentaires. Aussi nous laissons les lecteurs de ce blog juger par eux-même de la façon dont la majorité municipale UMP de Sucy-en-Brie, soutenue par les élus du Parti Socialiste,  a décidé le 15 Décembre 2014 de « ne pas émettre d’opposition à l’implantation de l’usine Eiffage de Bonneuil ». 

Même si cet avis était assorti de réserves, il n’en constituait pas moins un avis favorable et a été comptabilisé comme tel dans l’enquête publique. Sucy-en-Brie est donc la seule commune ayant soutenu la réouverture de l’usine Eiffage, puisque toutes les autres communes concernées ont émis un avis défavorable tandis que la mairie de Bonneuil trouvait plus habile de ne pas se prononcer dans les délais prévus …

Colère et indignation : malgré 603 participants à l’enquête publique, le préfet renouvelle l’autorisation d’exploitation d’Eiffage.

C’est avec colère et consternation que nous apprenons la décision du préfet du Val-de-Marne de renouveler l’autorisation d’exploitation d’Eiffage, au vu des conclusions du rapport d’enquête publique de 200 pages. Malgré plus de 600 témoignages, dont trois seulement favorables à l’implantation Eiffage, la préfecture renouvelle le permis de polluer et ne prend même pas la décision d’interdire l’usage du lignite …

A) Une enquête publique RESPECTUEUSE DES FAITS, mais à la conclusion illogique ET SCANDALEUSE

Il n’est pas dans notre intention de remettre en cause l’honnêteté de Madame la Commissaire Enquêteur qui a pris soin dans un rapport de plus de 200 pages de relater dans le détail l’ensemble des positions des personnes qui ont répondu à l’enquête publique et qui n’a pas fait obstacle au débat. Le document joint ci-dessous est en cela un reflet fidèle des positions exprimées, et niotamment le fait que seuls 3 témoignages  de citoyens sur 600  (0.5%) sont favorables à l’implantation d’Eiffage

EFFAGE – Rapport d’enquête commissaire enquêteur 02.15

Il est en revanche étonnant, voire scandaleux que ce rapport conclue favorablement à l’autorisation d’Eiffage, se retranchant derrière l’avis des autorités préfectorales et des réponses d’Eiffage, ce dernier ayant payé un avocat pour répondre point par point à toutes les observations des riverains. Considère-t-on que les 600 citoyens ne possèdent pas collectivement une expertise au moins comparable à celle de ces messieurs de la préfecture ou d’un avocat mercenaire ?  Il est peut-être temps de sortir de la préhistoire de la démocratie où le monde se partageait entre des experts seuls aptes à dire le « vrai » et le « juste » et un pauvre troupeau de citoyens ignorants invités à se ranger aux « avis autorisés ». L’affaire de l’amiante à montré ce que valait cette posture de respect de l’autorité.

Il est probable qu’aucune enquête publique sur une ICPE n’a atteint le nombre d’avis de celle-ci. Cela n’aurait-il pas dû attirer l’attention ? Et conduire à se poser la question suivante : est-il raisonnable de penser que ces 600 personnes sont de pauvres crétins manipulés par des agitateurs opposés au « progrès » (du CAC 40) ?

B) UN PREFET BIEN RAPIDE DANS SA DECISION ET FORT PEU A L’ECOUTE DES CITOYENS

Quant au Préfet, on ne peut que s’interroger sur la précipitation avec laquelle il a pris la décision d’autorisation, à peine quelque jours après la remise du rapport de plus de 200 pages du Commissaire Enquêteur. Diable ! Ce n’est pas tous les jours que 600 personnes expriment spontanément un avis sur une affaire publique de ce type. Conclure aussi rapidement, sans prendre la peine de réunir à nouveau les maires, associations ou citoyens concernés, c’est nourrir le soupçon légitime que la décision était prise d’avance et que l’on s’est surtout bien dépêché de boucler le dossier rapidement afin de ne pas perturber le bon déroulement des élections cantonales.

A moins que des impératifs économiques n’aient présidés à cette décision. Les avocats fiscalistes d’Eiffage sont sans doute capable d’imposer des pénalités de retard à l’Etat si celui-ci tarde trop à permettre la relance de la machine à polluer. 200 000 tonnes d’enrobés par an, cela n’attend pas et l’usine recommence déjà à tourner à plein régime, autoriser 5 jours par semaines de 1h du matin à 17h, sans parler d’autorisations exceptionnelles possibles le samedi… ET tant qu’à faire avec du lignite car c’est plus économique et ça augmente le bénéfice de l’actionnaire. Lisez bien les détails de l’autorisation ci-dessous

AP 2015-502 du 27 février 2015 – EIFFAGE

Avec un prix de la tonne de bitume compris entre 70 et 120 Euros , les 200 000 tonnes d’enrobés par an vont générer 14 à 20 millions d’euros de chiffre d’affaire par an. C’est évidemment bien plus profitable que les problèmes de santé qui auraient pu être évités en réduisant la pollution et qui grèveront le chiffre d’affaire de la Sécurité Sociale. C’est Eiffage qui pollue et ce sont les citoyens qui payent. Merci monsieur le Préfet !

C) ON NE LACHERA RIEN : CONTINUONS A UTILISER TOUS LES MOYENS LEGAUX DE LUTTE

Même si le bonheur des cons fait toujours peine à voir (San Antonio), il n’est pas question de sombrer dans la résignation ou pire le replis sur des positions extrémistes du type « tous pourris ». Ceux qui professent de telles idées seraient bien capable de nous expliquer qu’Eiffage n’est pas si mal que ça car au moins, si on meurt d’un cancer, ce sera un cancer engendré par une entreprise française ! Méfions nous également de ceux qui, après avoir affiché ostensiblement leur opposition à Eiffage, vont nous expliquer que le verre n’est pas complètement vide et qu’il sont obtenu quelques aménagements de détail. Le fameux comité de concertation mis en place par le Port de Bonneuil est à cet égard une fameuse supercherie et un miroir aux alouettes. Tant qu’un capteur de pollution ne sera pas installé dans le Port de Bonneuil et qu’un plan de développement durable du niveau de Gennevilliers n’aura pas été adopté, aucune concertation ne sera possible. D’ailleurs, la mise en place de ce comité de concertation a été réalisée pour le Port par une société de conseil spécialisée dans la lutte contre les collectifs anti-pollutions…

Bref, prenons le temps de digérer notre colère, examinons en détail les résultats de l’enquête publique et de l’arrêté préfectoral et reprenons la lutte par tous les moyens légaux disponibles :

  1. Punir les élus et les partis politiques  qui ont soutenu l’implantation Eiffage lors des prochaines élections. Ca ne réglera certes pas le problème mais au moins ça permettra de nous exprimer et de faire savoir tout le bien qu’on pense de ceux qui « ne se sont pas opposés à l’implantation Eiffage », en particulier à Sucy-en-Brie.
  2. Examiner la possibilité de nouveaux recours juridiques, notamment au niveau européen. Même si les avocats mercenaires et grassement payés d’Eiffage qui lisent ces lignes vont travailler à bloquer tous les recours possibles, il reste des possibilités encore inexplorées au niveau européen, notamment par rapport au non respect des directives concernant la pollution en France.
  3. Utiliser la mise en place du Grand Paris pour imposer une réforme du Port de Bonneuil. La situation du Port de Bonneuil à cheval sur trois communes et autant de communautés de communes à favoriser depuis des années toutes les dérives politiques. La refonte de ces communautés de communes va sans doute permettre de reprendre les choses en main, surtout si l’on profite des élections pour se débarrasser de certains élus dont les conflits d’intérêts sont notoires dès lors qu’il s’agit du Port de Bonneuil.
  4. Utiliser les pétitions et plus généralement tous les moyens de protestations légaux susceptibles de mettre en valeur la nocivité de l’usine Eiffage. 2 ou 3 millions d’euros de bénéfices par an sont certes une somme conséquente, mais une dégradation de l’image des entreprises qui polluent peut leur coûter beaucoup plus cher à long terme. Une mauvaise image, ce sont des contrats perdus, des marchés en moins, surtout dans le domaine des marchés publics. Continuons à faire savoir toutes les nuisances imposées par Eiffage aux riverains du Port de Bonneuil et peut-être cela fera-t-il réfléchir les actionnaires …

Et surtout, n’oublions pas que 600 citoyens mobilisés c’est 600 intelligences mobilisés pour réfléchir et agir. On ne lâchera rien !